La Corse et ses Ânes: Entre Histoire et Modernité
L’âne corse, U Sumeru Corsu, est un symbole fort de l’île, représentant sa culture et son histoire. La Corse, souvent décrite comme une montagne au milieu de la mer, se caractérise par un relief montagneux aux crêtes acérées, avec des sommets qui s’élèvent entre 1 300 et 2 700 mètres.
Ce paysage escarpé et rocheux, combiné à des pratiques d’élevage traditionnelles, a modelé les ânes de l’île, leur conférant robustesse, rusticité, sobriété et agilité. Ces qualités font des ânes corses des animaux particulièrement sûrs sur les terrains difficiles.
Caractéristiques de l’Âne Corse
- Taille: Les ânes corses sont généralement de petite taille, ce qui leur confère une grande agilité sur les terrains accidentés.
- Robe: La robe de ces ânes varie mais présente souvent des nuances grises, parfois avec des marques plus foncées autour du museau et des oreilles.
- Résistance: Ils sont reconnus pour leur robustesse et leur capacité à prospérer avec peu de ressources, adaptés à un climat méditerranéen avec des étés secs et chauds.
- Tempérament: L’âne corse est réputé pour son bon tempérament, sa docilité et sa patience, ce qui en fait un compagnon idéal pour le travail et les balades.
- Agilité et Sécurité: Leur pied sûr leur permet de naviguer avec aisance dans des zones montagneuses, où d’autres animaux pourraient rencontrer des difficultés.
Le Rôle Central de l’Âne dans la Vie Corse
Historiquement, posséder un ou plusieurs ânes était un signe de richesse et de sécurité dans les villages corses. Ces animaux ont joué un rôle crucial dans la construction des habitations, aidant à transporter des pierres et à exécuter des travaux agricoles dans des zones inaccessibles ou trop escarpées pour d’autres moyens. Pendant la Première Guerre mondiale, en l’absence des hommes partis au front, les ânes sont devenus des compagnons indispensables pour les femmes et les enfants, les aidant dans les travaux quotidiens et le transport de matériaux comme le bois de chauffage, la nourriture, ou encore les récoltes de châtaignes et noisettes.
Evolution de la Population Asine et Conservation
Entre 1918 et 1939, la Haute-Corse a vu le développement de grands troupeaux d’ânes, avec une population qui a atteint 20 000 têtes en 1932. Toutefois, l’exode rural et la mécanisation de l’agriculture ont entraîné un déclin significatif de leur nombre, réduit à 3 100 en 1970 et estimé à environ 2 000 aujourd’hui. Ce déclin souligne la transition de l’âne de son rôle central dans la société corse à une présence quasi insignifiante dans le paysage contemporain de l’île.
Sauvegarde et Reconnaissance de l’Âne Corse
Face à cette situation, les associations « A Runcata » et « Isul’âne », suivies par l’association U Sumeru Corsu, ont entrepris le recensement de la population asine pour sauvegarder cette race unique. Avec le soutien financier de FranceAgriMer, de l’ODARC, et du Conseil du cheval en Corse, l’association a réussi à faire reconnaître officiellement la race asine Corse.
En 2019, lors du Salon International de l’Agriculture, le dossier de reconnaissance a été présenté au Ministre de l’Agriculture de l’époque, Didier Guillaume, aboutissant à la publication officielle de cette reconnaissance le 17 juin 2020. L’association U Sumeru Corsu a été désignée comme l’Organisme de Sélection pour le Programme de Sélection de la race asine Corse.
Le 29 avril 2021, l’Administration fiscale a reconnu l’association U Sumeru Corsu comme organisme d’intérêt général, lui permettant de recevoir des cotisations et des dons pour soutenir ses activités de conservation.
L’âne corse, à travers les âges, a non seulement façonné le paysage et la culture de l’île mais a également joué un rôle indispensable dans le développement et la survie de ses habitants. Sa reconnaissance officielle comme race et les efforts de conservation entrepris mettent en lumière l’importance de préserver ce patrimoine vivant, témoignant de la richesse de la biodiversité et de la culture corses.