Sauvegarde de la Paghjella Corse : Entre Tradition Orale et Patrimoine
La Paghjella est un art vocal, ancré dans les racines les plus profondes de la société corse. La tradition du chant est vivace sur l’Ile de Beauté, véritable hommage aux bergers qui, en pleine montagne, entonnaient des chants à trois voix, la paghjella. Chant polyphonique traditionnel dont les textes sont issus de la vie quotidienne de l’époque où ils ont été écrits, âpre et puissant, il se compose de trois voix masculines, chacune avec un rôle bien défini.
Les trois voix
Puisant ses origines en Haute-Corse, dans la région de la Castagniccia, la paghjella associe trois registres vocaux qui commencent toujours dans le même ordre : l’a segonda est le chanteur principal de la polyphonie : il donne le ton et chante la mélodie principale. L’u bassu, à la voix la plus grave, l’accompagne et le soutient. L’a terza, qui a la voix la plus haute, apporte des nuances plus aigües qui enrichissent le chant.
Cette structure unique crée une dynamique sonore, où chaque voix se fond harmonieusement avec les autres. Les trois hommes se placent généralement en demi-cercle, le bras passé parfois sur l’épaule du voisin et la main à l’oreille. Les chanteurs suivent un code basé sur le regard et l’écoute : tout se fait au feeling, pas de partition ni de diapason !
Un appel à l’action pour préserver l’héritage vocal unique de la Corse
En 2005, à l’initiative de Petru Guelfucci, l’Assemblée de Corse a officiellement sollicité l’État français pour présenter le Cantu in Paghjella à l’UNESCO en vue de son inscription sur la Liste des Chefs-d’œuvre du Patrimoine Culturel Immatériel.
En 2009, grâce aux efforts soutenus de l’association Cantu in Paghjella, la Paghjella corse a été inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Cet accomplissement dépasse de loin la simple reconnaissance d’une tradition de chants masculins ; il symbolise l’essence même de la culture corse
Pourtant, malgré son importance culturelle, la Paghjella est aujourd’hui menacée, confrontée à un déclin rapide et alarmant.
Évolution et Déclin
Malgré son inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO, la Paghjella lutte pour survivre dans un monde moderne en constante évolution. Autrefois transmise de génération en génération à travers des rituels immuables, la tradition orale de la Paghjella est désormais menacée par l’émigration des jeunes et le manque d’intérêt pour les pratiques culturelles traditionnelles. Cette perte de transmission intergénérationnelle a entraîné un appauvrissement du répertoire et une diminution de la vitalité de la Paghjella. Sans intervention immédiate, cette précieuse forme d’expression risque de disparaître, reléguée à un simple attrait touristique dépourvu de sa signification authentique.
Un Appel à l’Action
Face à cette menace imminente, il est impératif d’agir pour sauvegarder la Paghjella corse. Les efforts de préservation doivent inclure des initiatives visant à revitaliser la transmission intergénérationnelle, en encourageant les jeunes à s’engager dans la pratique et l’apprentissage de cette tradition ancestrale. De plus, il est essentiel de promouvoir la Paghjella au niveau local et international, en mettant en valeur son importance culturelle et son héritage unique.
L’association « A Filetta » en Corse met en œuvre un programme dynamique visant à revitaliser la transmission intergénérationnelle de la Paghjella corse. Elle organise des ateliers de chant dans les écoles, où les membres du groupe enseignent aux élèves les techniques traditionnelles de la Paghjella et discutent de son importance culturelle. De plus, « A Filetta » offre aux jeunes l’opportunité de se produire lors de concerts aux côtés des membres du groupe, les impliquant ainsi activement dans la pratique et la préservation de cette tradition musicale. Le groupe est notamment à l’origine de la création du Festival des Rencontres de Chants Polyphoniques.
Ensemble, en tant que communauté et défenseurs du patrimoine culturel, nous avons le pouvoir de préserver la Paghjella pour les générations futures. En agissant dès maintenant, nous pouvons assurer que cette voix distincte de la Corse continuera à résonner à travers les âges, perpétuant ainsi l’héritage vocal et spirituel de cette île emblématique.
J’aurais tant aimer aux groupes que j’ai accompagné pouvoir leurs offrir une paghjella dans une église, le son est autre mais il fallait faire travailler tout le monde et le planning était très serré.
C’est mon plus grand regret car ça me rappelle un souvenir inoubliable. c’était à Bastia, ils étaient en répétition et ça m’a laissé un souvenir inoubliable.
[…] abordent des thèmes de la vie quotidienne, de l’amour, de l’histoire, et de la nature. La paghjella est la forme la plus emblématique, souvent chantée par trois voix masculines (basse, seconde et […]