Voyage à travers les villages abandonnés de Corse
La Corse abrite plusieurs villages abandonnés, chacun avec une histoire unique et un paysage figé dans le temps. Ces lieux, autrefois animés, sont aujourd’hui des témoins silencieux du passé, offrant un aperçu de l’histoire et une touche de mystique.
Occi
Perché au-dessus de Lumio en Balagne, Occi se trouve à 337 mètres d’altitude. Connu comme l’un des villages abandonnés les plus célèbres de Corse, il comptait environ 150 habitants au XVIe siècle. Avec le temps, suite aux attaques et aux épidémies, le village s’est vidé, perdant son dernier habitant en 1918.
L’association « Les Amis de l’Occi » s’est notamment investie dans la préservation du village, organisant des travaux de restauration pour sauvegarder ce patrimoine et en faire un lieu d’intérêt culturel et historique. La randonnée jusqu’à Occi est désormais une expérience populaire en Corse, offrant non seulement une immersion dans le passé, mais aussi un moment de communion avec la nature et les paysages exceptionnels de l’île.
Hameau d’E Rosse
Situé dans la commune de Ghjisoni, ce village pastoral avait, en 1914, une communauté de 150 habitants qui partageaient des terres agricoles et du bétail. Le village tient son nom du gisement de schiste, roche qui a par ailleurs permis la réalisation de plusieurs édifices.
La chapelle du village, construite avec ce même schiste, a été rénovée en 1993, bien que le village fût déjà déserté à cette époque. L’abandon du village remonte à la période de la Première Guerre mondiale, lorsque les hommes furent mobilisés dans l’armée, entraînant par leur absence la dépopulation progressive du lieu, qui ne laisse aujourd’hui que des ruines.
Hameau de Caracu
Situé dans le Cap Corse, au sein de la commune de Meria, Caracu n’est accessible que par un sentier de randonnée. Abandonné depuis 1925, les ruines du village montrent encore des signes de vie passée, comme des fours et des corniches peintes. La prudence est de rigueur en raison de l’état de dégradation des lieux qui n’ont pas bénéficié, comme Occi ou E Rosse, d’une restauration.
Une sombre légende locale raconte qu’un jeune homme issu d’une bonne famille aurait ôté la vie à une servante, et son esprit hanterait encore le village.
Hameau de Muna
Dans la région de la Cinarca, au sud de la Corse, Muna est niché à 50 mètres d’altitude. Ses maisons en pierre, en terrasses sur la montagne de la Spusata, rappellent le passé autonome du village, avec ses oliveraies, ses troupeaux de moutons, ses châtaigniers ainsi que l’exploitation forestière où le bois était entre autres utilisé pour la construction de mâts de bateaux.
Comme beaucoup de villages corses, il a subi des pertes lors de la Première Guerre mondiale, ce qui a conduit à son abandon.
Arridavu
Situé le long de la D48, à quelques kilomètres de Sartène, Arridavu a été abandonné en raison du manque d’eau potable. Établi sur un site préhistorique, il a été choisi comme lieu d’habitation pour éviter le paludisme et les invasions. Vers 1800, il comptait 13 bâtiments, incluant une bergerie, une école et deux fours à pain. Le village était connu pour ses canistroni, un pain local, et vivait en autarcie, les habitants travaillant dans les zones proches. Ariddavu fut peu à peu déserté à l’aube de la Seconde Guerre mondiale et c’est ainsi que a dernière habitante, une institutrice, a quitté les lieux en 1936.
Ces villages, affectés par les guerres, les invasions ou la pénurie de ressources, constituent une part importante du patrimoine corse. Certains connaissent une renaissance avec l’augmentation des visites estivales, laissant présager un retour éventuel à leur splendeur passée. L’avenir pourrait encore réserver de nouveaux chapitres à leurs histoires.
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