Pagliaghji: Les Cabanes en Pierre Sèche de Corse
Un sujet fascinant et souvent méconnu en dehors de la Corse elle-même concerne les « Pagliaghji », les anciennes constructions en pierre sèche de l’île. Ces structures, qui parsèment le paysage rural corse, sont un témoignage unique de l’ingéniosité et des traditions de construction insulaires, mais elles sont peu couvertes dans les médias internationaux ou même en France métropolitaine.
Origines et Histoire
Les « pagliaghji » (singulier « pagliaghju ») sont des cabanes ou des petits bâtiments construits en technique de pierre sèche, c’est-à-dire sans mortier pour lier les pierres. Ces structures étaient traditionnellement utilisées par les bergers et les agriculteurs comme abris temporaires ou saisonniers, ainsi que pour le stockage des outils et des récoltes.
Leur conception et leur construction reflètent une connaissance approfondie de l’environnement local et des matériaux disponibles. Construits sans l’utilisation de mortier, ces abris sont un témoignage de l’habileté technique et de la connaissance approfondie des matériaux naturels locaux par les anciens Corses. Chaque pierre était soigneusement sélectionnée et placée de manière à garantir la stabilité et la durabilité de la structure. Cette technique, outre sa fonction pratique, minimisait l’impact sur l’environnement et utilisait de manière judicieuse les ressources disponibles.
Signification Culturelle
Les pagliaghji représentent un aspect important du patrimoine rural et agricole corse, illustrant le mode de vie traditionnel et l’adaptation de l’homme à un environnement parfois difficile.
Ils sont un exemple remarquable de l’architecture vernaculaire corse, témoignant des savoir-faire techniques et des pratiques écologiques ancestrales. Ils illustrent l’importance de la vie agricole et pastorale dans l’histoire corse
État Actuel et Conservation
Beaucoup de ces constructions sont aujourd’hui abandonnées ou en ruine, bien que certaines aient été restaurées et adaptées à de nouveaux usages. Leur conservation pose des défis particuliers, car elles sont souvent situées dans des régions éloignées ou difficiles d’accès, et la technique de la pierre sèche requiert des compétences spécifiques pour sa réparation et sa restauration.
L’association Opera di Rutali, basée en Haute-Corse, a réalisé un remarquable travail de restauration sur une sélection d’édifices en pierre sèche, incluant des aires de battage, des enclos, des sources d’eau, et bien plus, le long d’un itinéraire qui retrace le parcours d’anciennes voies communales et de sentiers pédestres.


Vers une valorisation du patrimoine
Trà aghje è Pagliaghji est un sentier de randonnée qui nous replonge dans le passé agro-pastoral du village de Rutali à travers ses pagliaghji et ses aires de battage, le tout réhabilité par l’association culturelle Opera di Rutali. À seulement 1,5 km du village de Rutali, ce chemin offre une vue imprenable vers l’ouest sur la vallée du Nebbio et la mer Méditerranée, tandis qu’à l’est, il ouvre des perspectives vers la plaine orientale et les eaux de la Tyrrhénienne.
La réhabilitation des pagliaghji et leur intégration dans des circuits de randonnée ou des projets touristiques peuvent contribuer à sensibiliser le public à l’importance de ce patrimoine. De telles initiatives offrent une nouvelle vie à ces structures, tout en promouvant un tourisme durable.
Les visiteurs peuvent y explorer d’abondantes traces de l’agriculture en terrasses, caractérisées par leurs murs de soutènement, découvrir les ruines de bassins et de canaux d’irrigation, observer les monticules résultant du dépierrage des champs (maggeghje), ainsi que des niches et des refuges autrefois utilisés par les bergers.
Ainsi, les pagliaghji et les efforts pour leur conservation sont une source d’inspiration, rappelant l’importance de l’harmonie entre l’homme et la nature, et offrant une fenêtre sur les traditions et les pratiques qui ont façonné la beauté unique de la Corse. Ils incarnent un appel à reconnaître, à respecter et à protéger les témoins silencieux de l’histoire et de la culture d’un peuple, assurant ainsi que leur sagesse et leur beauté soient transmises aux générations futures.
Sommaire
Remerciements et Crédit
Nous remercions Le journaliste Christophe Zagaglia, de France Bleu-Radio Corsica Frequenza Mora (RCFM).