mercredi 19 mars 2025



Antoine Ciosi

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Antoine Ciosi : Une Vie au Service de la Chanson et de l’Identité Corse

Antoine Ciosi est né en 1931 à Sorbo-Ocagnano, un petit village du nord de la Corse. Son père, un paysan progressiste et fervent défenseur de l’identité corse, lui transmet des valeurs fortes, mais décède prématurément, laissant sa femme Jeanne élever seule leurs sept enfants. Elle devient alors un pilier inébranlable de la famille, et Antoine ne cessera de lui rendre hommage tout au long de sa vie.

Destiné à travailler la terre, il passe son enfance à s’occuper des bêtes et à arpenter les sentiers du maquis. Mais une passion va vite prendre le dessus sur le destin tracé pour lui : le chant.

Les Premiers Pas d’un Chanteur Passionné

Ses premiers souvenirs musicaux le ramènent au moulin de son grand-père, où il chantait au milieu des châtaigniers. Cette passion pour le chant devient une évidence, une raison d’être.

Comme beaucoup de jeunes Corses de son époque, son service militaire lui offre l’opportunité de quitter l’île et de monter à Paris. Il partage alors son temps entre la caserne et les cours de chant qu’il peut enfin s’offrir. Sa voix grave et chaleureuse ne passe pas inaperçue, et très vite, il est repéré pour se produire sur scène.

Le Théâtre et l’Opérette : Une Première Expérience Artistique

Au milieu des années 50, Antoine Ciosi est engagé au théâtre Mogador dans plusieurs opérettes à grand spectacle, dont Naples aux baisers de feu, Sissi Impératrice et La Belle Hélène.

Le public parisien raffole de ces productions, et Antoine goûte pour la première fois aux feux de la rampe. Pourtant, malgré le succès, il ressent un manque. Les émotions qu’il cherche à transmettre ne sont pas là. Il chante tous les soirs, il vit modestement de son art, mais une question demeure : pourquoi ne se sent-il pas comblé ?

Le Grand Tournant : Une Chanson Oubliée qui Change Tout

Déterminé à trouver sa voie, il se lance dans une carrière solo et signe un contrat chez Barclay. S’il rencontre un premier succès, il continue à ressentir ce vide indéfinissable.

C’est en 1963 que tout bascule. Cette année-là, Bruno Coquatrix et Jacques Franchi organisent le premier festival de la chanson corse à l’Olympia. Antoine décide d’y participer, mais sans grande conviction. Il ressort une vieille chanson corse, Paese Spentu, un texte poignant sur la désertification des villages corses et l’exode rural.

Ce soir-là, lorsqu’il interprète la chanson sur scène, un frisson parcourt la salle. Il ne se contente pas de chanter, il vit chaque mot, chaque note. Le public est bouleversé et lui offre une ovation. Le jury ne s’y trompe pas : Antoine remporte le premier prix.

C’est le déclic. Il comprend enfin ce qui lui manquait : l’âme de la Corse, ses racines, son identité.

Un Engagement Total pour la Culture Corse

À partir de ce moment, Antoine Ciosi décide de consacrer son art à la préservation et à la transmission de la culture corse. Ses premiers succès en langue corse s’enchaînent, notamment U Tragulinu et le célèbre Prisonnier.

Plutôt que de chercher la célébrité sur les grandes scènes parisiennes, il choisit de retourner en Corse et de parcourir l’île, de village en village. Il rencontre les anciens, recueille leur mémoire, écoute leurs chants et leurs récits, et les met en musique. Avec quelques amis, il se donne pour mission de sauvegarder la culture paysanne et le patrimoine musical insulaire, jusque-là sous-estimé et menacé de disparition.

Face au Mouvement Identitaire : Une Position Ferme et Pacifique.

Dans les années 70, la montée du mouvement identitaire corse secoue l’île. Certains choisissent la lutte armée pour faire entendre leurs revendications. Antoine, lui, reste fidèle à ses valeurs et préfère l’arme de la culture et de la musique pour défendre l’identité corse.

Il soutient néanmoins activement les jeunes militants qui réclament la réhabilitation de l’Université de Corse à Corte. Pour lui, la révolution passe avant tout par l’éducation et la transmission des savoirs ancestraux.

Des Albums Conceptuels et une Carrière Internationale

Tout au long de sa carrière, Antoine Ciosi ne cesse d’innover. Il popularise les albums conceptuels, où chaque chanson est précédée d’un texte narratif qui en explique le contexte et l’histoire. Cette approche, mêlant musique et récit, rencontre un immense succès.

Avec le compositeur Philippe Marfisi, il écrit et compose plus de 50 chansons, explorant différents aspects de la culture corse. Ses concerts deviennent incontournables, que ce soit sur l’île, sur le continent ou à l’étranger. Il se produit notamment à l’Olympia en 1981, 1983 et 1986, et tourne en Suisse, en Belgique, en Italie et en Allemagne.

En 1989, il lance Canti di a Libertà, un spectacle rendant hommage aux résistants corses qui ont libéré l’île en octobre 1943.

Transmission et Nouveaux Projets

Dès le milieu des années 90, Antoine a la joie d’être accompagné par son fils Jérôme Ciosi, guitariste talentueux également connu pour accompagner Thomas Dutronc. Cette collaboration père-fils apporte une nouvelle dimension à sa musique et assure la continuité de son héritage artistique.

Antoine ne se limite pas à la musique. Il se lance également dans l’écriture et publie plusieurs ouvrages, dont Une Odeur de Figuier Sauvage, Le Chemin des Sources Profondes, Chants d’une Terre, Una Mamma (Prix du livre corse en 2012), et L’Étoile de Moïse Namani, un livre bilingue corse-français retraçant l’histoire d’un jeune juif palestinien venu s’installer en Corse en 1920.

L’Ultimu Giru : Une Tournée d’Adieu Chargée d’Émotion

Après plus de cinquante ans de carrière, Antoine Ciosi ressent le besoin de tirer sa révérence. Il annonce alors l’Ultimu Giru, une tournée d’adieu durant laquelle il s’entoure de ses amis de toujours et de jeunes talents qui poursuivront son œuvre.

Ce dernier tour de chant n’est pas une fin, mais une transmission : celle d’un patrimoine musical et culturel qu’il a contribué à préserver et à faire rayonner.

Antoine Ciosi & Jean-Louis Simonpieri – Duo émouvant | Festival di A Canzona Corsa 2021

Babbu è Figliolu : Un Retour à l’Essence de la Musique

Dernier témoignage de son immense carrière, Antoine Ciosi s’est entouré de son fils Jérôme pour offrir un album d’une grande sensibilité : Babbu è Figliolu. Dans cet opus intimiste, la voix profonde d’Antoine et la guitare délicate de Jérôme se mêlent dans un répertoire épuré, mettant à l’honneur la poésie corse et française. L’album est disponible à l’achat sur le site officiel d’Antoine Ciosi.


Antoine Ciosi restera à jamais l’un des plus grands ambassadeurs de la chanson corse. Sa voix grave et profonde, ses textes engagés, son amour indéfectible pour son île et son peuple ont marqué des générations entières.

Au-delà du chanteur, il restera un passeur de mémoire, un conteur d’histoires et un fervent défenseur de l’âme corse. Son héritage est vivant et perdurera à travers ceux qui, comme lui, porteront haut la culture de cette île qu’il a tant aimée.

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