Crise d’Aléria en 1975 : Un Tournant dans le Nationalisme Corse
La crise d’Aléria en 1975 est un événement clé dans l’histoire contemporaine de la Corse, marquant le début de la montée du nationalisme corse moderne.
Le 21 août 1975, des militants de l’Action régionaliste corse, dirigés par Edmond Simeoni, occupèrent illégalement une cave viticole d’un pied-noir à Aléria, soupçonné de fraude financière. Cette occupation visait à exposer un scandale de vins frelatés nuisant aux petits viticulteurs corses. L’intervention de 1 200 gendarmes et CRS par le gouvernement français a conduit à une fusillade, faisant deux morts parmi les forces de l’ordre et plusieurs blessés. Cet événement a eu des répercussions importantes, notamment la dissolution de l’ARC, la création de la Safer de Corse, et a alimenté la radicalisation du nationalisme corse, aboutissant à la création du Front de libération nationale corse (FLNC) en 1976
Introduction : La Corse avant 1975
La Corse, avant la crise d’Aléria, connaissait des tensions politiques. Le nationalisme corse, cherchant à promouvoir l’autonomie de l’île, gagnait en influence. L’Action régionaliste corse (ARC), fondée pour défendre les intérêts insulaires, était au cœur de ce mouvement.
L’Occupation d’Aléria
Le 21 août 1975, Les militants de l’Action régionaliste corse (ARC), dirigée par Edmond Simeoni, occupèrent illégalement une cave viticole d’un pied-noir à Aléria, soupçonné de fraude financière, dénonçant la production de vin frelaté et la mainmise des pieds-noirs sur l’économie viticole. Cette occupation visait à exposer un scandale de vins frelatés nuisant aux petits viticulteurs corses et à attirer l’attention sur les injustices économiques subies par les Corses.
La Réaction de l’État
En réponse à l’occupation de la cave viticole par les militants de l’ARC, environ 1 200 gendarmes et CRS ont été envoyés sur les lieux. Cette intervention a rapidement escaladé en une fusillade, résultant en la mort de deux membres des forces de l’ordre et plusieurs blessés. Cette réponse musclée a été un moment décisif, soulignant la gravité de la situation et l’ampleur du conflit entre les nationalistes corses et le gouvernement français. L’intervention aboutit don à une confrontation violente, causant des morts et des blessés, et marquant un tournant dans la perception du nationalisme corse.
Conséquences et Héritage
L’occupation d’Aléria en 1975 a eu des répercussions significatives sur le mouvement nationaliste en Corse. Suite à cet événement, l’ARC (Action régionaliste corse) a été dissoute par le gouvernement français, mais cela a eu pour effet paradoxal de renforcer le sentiment nationaliste sur l’île. Cet épisode est souvent considéré comme un catalyseur de la radicalisation du nationalisme corse. Il a contribué à la formation et à l’émergence du Front de Libération Nationale de la Corse (FLNC) l’année suivante, en 1976, marquant une nouvelle ère dans la lutte pour l’autonomie de la Corse
Conclusion : Impact sur la Corse Moderne
La crise d’Aléria en 1975 a eu un impact profond et durable sur la politique en Corse et en France. Cet événement a non seulement souligné les revendications nationalistes pour l’autonomie de la Corse, mais a également mis en lumière les spécificités culturelles, économiques et politiques de l’île.
En réaction à la crise, il y a eu une prise de conscience accrue tant au niveau local qu’au niveau national sur la nécessité de reconnaître et de respecter ces spécificités. Cet épisode a également influencé la manière dont les problèmes régionaux étaient perçus et traités dans le cadre plus large de la politique française, ouvrant la voie à des discussions et des réformes plus inclusives concernant les régions et leurs identités uniques en France.
La crise d’Aléria en 1975 a eu un impact durable sur la politique corse et française. Elle reste un symbole puissant de la lutte pour l’autonomie et la reconnaissance des spécificités corses.
A voir également ce reportage très intéressant proposé par France3 Corse Viastella et écrit par Pierre-Olivier Casabianca, 40 ans après l’occupation d’une cave viticole d’Aléria.
Crédit Photo : un groupe de militants autonomistes corses de l’ARC, dirigés par Edmond Simeoni, le 21 août 1975 à Aléria • © AFP