Origines historiques du Chant Corse : Un Voyage à Travers l’Histoire et la Tradition Musicale de l’Île
Le chant corse, plus qu’une simple expression musicale, est un voyage à travers l’histoire et l’âme de l’île de Beauté. Cet article explore les origines historiques du chant corse, révélant comment cette tradition vocale profondément enracinée reflète l’identité, la culture et les luttes d’un peuple insulaire unique.
À l’origine du chant corse
À ses débuts, le corse était une langue essentiellement dialectale, qui n’a commencé à être utilisée dans l’écriture littéraire qu’au XIXe siècle. Auparavant, les intellectuels corses exprimaient leur art en italien, s’efforçant souvent de manière un peu trop zélée de suivre les traces des poètes italiens, selon Marcaggi.
Les premières traces écrites
Le « Terzine corse », émaillé de termes dialectaux, est à considérer comme une rareté. L’abbé Guglielmi (1644-1728), originaire de Piazzale (Orezza), l’a rédigé pour un correspondant à Rome dont la compagne prétendait comprendre le corse. Ces textes n’ont été publiés qu’en 1843, dans une édition annotée par Emmanuelle, P. F., à Bastia. Ils constituent les enregistrements n° 146 à 148 et semblent provenir de mélodies importées, comme le suggère le chapitre « airs populaires de Bastia » de cet ouvrage, publié en 1890 par Clementi et Graziani.
Les poètes et leurs œuvres
Des fragments d’œuvres satiriques incisives du poète villageois Alisandru Ambrosi (Lisandru di Rustinu) de Castineta, décédé vers 1828, ont été conservés et publiés postérieurement. Le chanoine Straforelli, rencontré par Valéry en 1834 alors qu’il était octogénaire à Bastia, a composé des satires mordantes à la fin du XVIIIe siècle, qui n’ont été révélées qu’après son décès.
Le chant comme tradition orale
Anton-Sebastiano Lucciardi, surnommé Prète Bisagiu (1764-1869), avait pour habitude de réciter ses vers et improvisations sans jamais les consigner par écrit. Son petit-fils a pu reconstituer certains de ses poèmes grâce aux souvenirs des anciens de Santo Pietro di Tenda, le village natal de son aïeul. Ces œuvres ont été publiées dans les almanachs corses Chiaravalle et Artigiano Corso à Bastia. Lucciardi est également l’auteur de l’une des premières comédies en dialecte corse, « Mamma So », représentée en 1821.
Le silence des chroniqueurs
Il est à noter que ni les chroniqueurs du XVe au XVIIIe siècle ni les rapporteurs français du XVIIIe siècle n’ont laissé de témoignages concernant le chant ou la poésie traditionnels corses.
Les premières publications littéraires en corse
Le premier exemple littéraire publié en langue corse est la « Sérénade du berger Scappinu » dans le canto IV de la « Dionomachia » de Salvatore Viale (1817). D’autres œuvres telles que l' »Ottave rusticane » d’Ugo Peretti et le « Testamentu » d’Alexandre Pertrignani ont suivi, bien que rédigées plus tôt.
Ces poètes étaient-ils aussi chanteurs ?
Les données suggèrent que Lucciardi et peut-être Lisandru di Rustinu avaient l’habitude de réciter leurs poèmes dans un style improvisé, ce qui laisse supposer qu’ils les chantaient également occasionnellement.
En conclusion, les origines historiques du chant corse se déploient comme un riche tapis tissé d’oralité, d’improvisation et d’une lente intégration de la langue corse dans la littérature écrite. Des premières œuvres en dialecte par des poètes comme Lucciardi et Lisandru di Rustinu, à l’émergence de textes littéraires en corse au XIXe siècle, le chant corse a navigué entre tradition orale et expression écrite. L’absence de chroniques sur la musique et la poésie traditionnelles corses jusqu’au XVIIIe siècle souligne l’importance de la transmission orale dans la préservation de cette culture.
Ces poètes, oscillant entre récitation et chant, ont joué un rôle crucial dans le maintien et l’évolution de l’identité culturelle corse, laissant un héritage qui continue d’influencer et d’enrichir la musique et la poésie corses contemporaines.